Aujourd’hui en faisant le court chemin de la sortie du métro à ma fac j’ai croisé une affichette, une affichette de papier blanc parmi tant d’autre collée sur un mur de pierre commun à tous les autres, avec quelques mots sur une autre dépravation de l’intimité, sur l’obnubilation de big brother, enfin, rien de bien palpitant et devant elle, je me suis dit pourquoi ? Pourquoi ça ne m’intéresse plus, pourquoi je n’ai plus envie d’écrire sur ces choses banales. Sur ces choses qui me font réfléchir, pourquoi est ce que ça reste à l’intérieur ?
Et c’est ça la véritable question : Pourquoi ça reste à l’intérieur ? Pourquoi je ne veux plus écrire ?
Tout le monde, particulièrement moi, sait que j’ai besoin d’écrire.
Mais devant cette page blanche que je rempli doucement je me rend compte à quel point je n’écris plus avec la même douceur, la même rage, ou la même envie simplement. J’ai perdu quelque chose en chemin qui fait que je n’aime plus ma manière d’écrire. Je n’aime plus mes mots, je ne les sens plus vibrer sous mes doigts, je ne les sens plus se bousculer dans ma bouche, ils se sont calmés, ils sont devenus sages, ils ont gagnés en maturité et la maturité leur a donné le silence. Je crois que je ne pourrais plus jamais écrire avec la même douceur dont j’ai su faire preuve auparavant. Ca me manque certains soirs lorsque j’aurais besoin de vous décrire certaines choses.
En marchant, donc, j’ai réfléchi à ça, au pourquoi j’avais perdu. Pourquoi aujourd’hui j’aimerais savoir dessiner pour vous montrer ce qui me tient à coeur, avant je n’en aurais pas eu besoin, je n’en aurais pas eu l’envie, ni même juste l’idée puisque des mots décrivent milles fois mieux une scène qu’une pâle esquisse. Et je crois qu’avoir perdue ma douceur est ce qui rend tout cela si difficile. Je ne veux plus écrire de manière si brutale. Alors pourquoi l’ai je perdu ? En y réfléchissant j’ai découvert quelques raisons, quelques idées, toutes aussi fausse les unes que les autres certainement mais qui arrivent à rendre supportable cette perte. Je ne lis plus, je n’arrive plus à finir les livres si bien écrit que je pouvais dévorer il y a peu de temps encore, je ne lis que des textes bruts, que du polar noir et tranchant où les mots ne sont pas le but principal et j’en lis si peu... Je n’ai plus personne avec qui parler de ça, je n’ai personne pour me dire en plein milieu d’un cours : Au faites, j’ai lu ça, tu devrais le lire, c’est génial. Je n’ai plus personne à qui dire, je lis ça, c’est bizarre, je comprend pas tout. Je ne vais plus au cinéma, je n’aime pas y aller toute seule. Je ne sors plus en général, pas qu’avant j’étais une grande fêtarde, mais je me plais dans ma petite vie solitaire, alors je deviens de plus en plus casanière.
Mes mots sont devenus brut simplement parce que mes émotions le sont devenues. Il n’y a pas de demi mesure chez moi, avant j’avançais doucement espérant plus que je ne vivais et aujourd’hui, aujourd’hui je me repais d’un bonheur brut, de moment brut, dans une vie brute, alors non, je ne peux pas rendre ça doux, je ne peux plus parce que tout ce que je vis est d’une brutalité tendre mais rugueuse que je ne veux même pas changer. Je suis heureuse, je suis terriblement heureuse et comme je l’ai déjà dit : On ne peut pas partager le bonheur avec ces mots si impersonnels.
Alors bien sûr je vais continuer à écrire, beaucoup moins parce que la verbe que j’avais il y a quelques temps a disparu au fin fond de je ne sais quoi, mais je vais continuer.
Je pourrais vous dire que j’ai peur. J’ai peur de cette certitude et de ses conséquences. J’ai foiré, j’ai foiré dans les grandes largeurs, il paraît que c’est normal, qu’on est pas obligé de réussir sa première année, mais au fond le problème il est pas là, ça ne me pose pas de problème de commencer et recommencer, je sais que je finirais par y arriver. Le problème c’est que je ne sais plus. J’ai des rêves plein la tête, j’ai enfin une motivation pour les accomplir, mais j’ai peur. J’ai peur parce que là encore ce n’est pas ce à quoi je m’attend, alors qu’est ce qu’il faut que je fasse ? Faut il que je m’accroche au risque de me réveiller dans 8ans mon doctorat en poche et aucune envie de le travailler pour recommencer à nouveau. Ou prendre mon courage à deux mains et faire les trois choses que j’aime le plus au monde en même temps ? Et si ce n’était que ça ? Je peux le faire, je peux les faire toutes les trois en même temps, ce qui réduit le risque de beaucoup. Mais j’ai peur. Alors j’attends les résultats pour me pousser à prendre ce risque. Parce que la vie ce n’est que ça, un risque, chaque jour est un risque. Un risque de perdre l’autre, un risque de se perdre soi, un risque de tout perdre. Alors autant prendre les risques qu’on peut gérer avant que le risque ne nous avale en entier, non ?
Une petite douceur pour remplacer celle de mes mots.
By Gingembre. |
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