Je ne sais pas trop comment commencer cet article.
Je ne sais pas trop comment vous dire ce que j'ai sur le cœur, comment faire sortir tout ceci.
Ca me semble presque impossible, et pourtant, pourtant il faudra bien. Je pourrais le laisser se noyer un peu dans mes pensées, frelater un peu au fond de mon estomac, voir si ça passe mais...
Mais voilà, je pleure. Je pleure bêtement pour rien et je pense que si je vide ça, ça me fera du bien.
Je me suis retrouvée hier soir à l'écouter dormir, à me surprendre à pleurer en silence, retenant mon souffle pour ne pas le tirer de ses rêves. Je me suis surprise hier dans le train entre Saint-Just et Amiens à retenir mes larmes, à perdre mon souffle, en pleine crise de sanglot juste au fond de la gorge qu'il fallait retenir.
Alors oui, il faut que ça sorte, même si là, dans son dos, je ne suis pas sûre de réussir à les retenir je tâcherais de le faire en silence, doucement, parce qu'il doit réviser et parce que je sais que je suis déjà assez doué pour l’empêcher de le faire habituellement.
Comment... En faites non, peut on jamais se préparer à la mort d'un être cher ?
En faites les deux questions sont d'actualité, peut on et comment fait on ?
Cette séparation trop définitive, cette montagne de regret...
Je sais, je vous entends déjà, "C'est qu'un chien ma chérie.","Mais il va pas mourir, il est trop con pour ça.", "Mais il nous enterra tous, c'est juste le déménagement, l'accident et tout ça, c'est rien ça va passer.", "Il vieillit, ça devait bien arriver"...
Je vous ai entendu, je vous ai compris(e)s, mais non mes amours, pas cette fois, cette fois je n'y arrive pas, je ne veux même pas lire ce que je vais écrire.
Je me retrouve là, le regard dans le vide à travers la fenêtre pour ne pas le lire, comme un sortilège, comme ci l'écrire rendrait tout ça bien trop réel pour que la boule au fond de mon ventre puisse rétrécir, pour que ce qui m'empêche là de pleurer, puisse céder au torrent de larmes.
Il est maigre comme un clou, il maigrit tellement, bientôt je pourrais vous conter le squelette canin à travers sa peau, bientôt, sa peau cédera à trop vouloir entourer ses os.
Il n'arrive plus à monter sur un lit tout seul. Il marche si peu, et si mal quand il le fait, il s'entortille les pattes, il tombe, il ne peut plus courir, il tombe du lit quand il essaye d'en descendre tout seul. Il tremble à chaque pas, à chaque secondes, il dort 22h sur 24. Il est gelé 20h sur 24. Il ne mange plus, il boit si peu, il ne va dehors que lorsqu'il doit vider sa vessie et n'y reste plus.
Quelques fois il reste debout le regard dans le vide, à attendre, attendre quelque chose qui ne semble pas venir comme ci il était perdu. Il ne joue plus, il ne veut plus de ses friandises dont il se gavait, il ne mange plus ce qu'on lui donne à table et le peu qu'il avale, il le recrache 3h plus tard en une bouillie marron aux allures rouges.
"C'est pas beau de vieillir." Conasse de véto pas capable de dire autre chose que : "Mais il vieillit votre chien c'est tout". Ouais, et tout ça c'est normal ? Tout ça c'est la vie ? Putain de vie de merde oui.
Je suis en colère contre elle mais je n'arrive même pas à m'énerver vraiment trop attristé et apeuré pour penser à autre chose que ma grosse bête.
Non non ! Pas déjà tient encore un peu petit barrage aux larmes, tiens encore j'ai besoin de finir, s'il te plait...
En le sortant dimanche avant de partir prendre mon train, il est tombé, en descendant ces trois petites marches le menant au jardin, il est tombé et il s'est relevé l'air de rien. Ma mère est sortie avec lui, je suis partie finir mon sac.
Et depuis que je suis partie, lui lançant juste un regard, pas une caresse, parce que dans ses yeux, j'avais trop peur de voir autre chose que la vie, parce que j'avais trop peur qu'en lui disant au revoir je me laisse aller à un adieu, et dire adieu c'est précipité les choses qui ne doivent pas arriver. Je ne suis pas prête à ça, pas prête à lui dire au revoir.
Je ne sais pas comment faire.
J'ai l'impression que c'était la dernière fois que je l'ai vu, j'ai l'impression que je ne le reverrais plus et que je ne lui ai pas dit au revoir, mais je ne pouvais pas, lui dire au revoir c'était lui laisser le droit de ne plus être là à mon retour.
Je pleure, bêtement et il l'a vu, il va s'inquiéter, alors qu'il n'y peut rien, non je ne peux pas lui parler, je ne peux pas faire autrement que l'écrire, parce que le dire, c'est ... cette idée de destin, de malédiction, en parler c'est rendre tout ça trop réel, parler c'est donner à tout ça un côté beaucoup trop palpable... Et puis surtout, surtout... En parler ce serait éclater en milles sanglots, parler, ce serait trop dur, parler, je ne peux pas, c'est Snoopy. Voilà, le premier sanglot.
Snoopy, c'est dur à dire, cet être frêle pour moi ce n'est plus Snoopy, Snoopy c'était mon roc, ma famille, la grosse bête que je pouvais serrer fort fort fort les soirs où je ne voulais que pleurer dans les bras de quelqu'un, c'était la bête qui venait dormir tout contre moi les nuits où c'était trop dur d'être seule, c'était la grosse bête que j'emmenais courir dans les bois à la recherche d'une idée, c'était la grosse bête qui tournait vers moi sa tête pataude pour me dire : Tu parles tout seule ? Je t'aime quand même. C'est ma famille, c'est mon ami, c'est mon amour, c'est mon enfance. Il fut toute ma vie pendant une période si dure...
Je sais, c'est un chien, c'est un abruti de chien même, mais voilà, c'est mon chien, c'est ... Snoopy...
Je ne suis pas prête à ce qu'il meurt, mais je ne serais jamais prête à ça, je n'y serais jamais prête... Pourtant il faudra bien... Mais comment dire adieu à une personne si important, à la seule personne dont je n'ai jamais douté, à la seule personne sur qui en toute occasion j'ai pu compter, dire adieu à la seule personne qui m'a accepté toute entière... Je ne saurais vous dire ce qu'il a été pour moi, je ne saurai vous l'expliquer sans que vous soyez dans ma tête à visionner les milliers de souvenir que j'ai avec lui...
C'est si douloureux, ça fait si mal... Le barrage à céder, les larmes sont beaucoup trop nombreuses, je me noierais bientôt. Et pourtant, pourtant ce n'est que la peur, je n'arrive pas à imaginer quand... Quand ce sera le moment fatidique.
Je me noie parce qu'il y a les larmes de la femme en moi, qui perds son bébé, son compagnon, son confident, et celles de l'enfant qui perds sa peluche, son meilleur ami, son jouet, son amour, oui je crois bien que j'étais un peu amoureuse de cette bête. J'ai l'impression qu'en quelque sorte je l'ai abandonné, alors je pleure aussi de tout ce que je n'ai pas fait pour lui, de tout ce que je n'ai pas été pour lui, de tout ce que je voudrais faire et que je ne peux plus faire, je pleure de toute ce que je lui ai fait subir, de toutes mes humeurs, je pleure parce que je le pleure déjà comme ci il n'était plus tandis qu'hier encore je sentais sous mes doigts son pelage si doux et si drue.
Je ne sais pas quoi vous dire, je crois qu'au fond on n'est jamais prêt à dire Adieu, je crois qu'au fond on n'en sera jamais capable, on veut toujours plus de temps, plus de vie. On est jamais prêt à perdre un être qu'on a chérit plus fort que soi même. Et moi, encore moins que quiconque...
Mon dieu, je ne serais jamais prête...
Laissez moi encore un peu de temps...
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J'ai l’impression que c'était il y a un siècle... Et cette image qui vient de mon ex-blog, m'offre la citation la plus douce et la plus approprié aujourd'hui : "Un chien, c'est un cœur avec du poil autour."
Brigitte Bardot | | |
Je ne retrouve pas la photo de mon monstre allongé su mon lit les quatre fers en l'air, je ne la retrouve pas, la photo...
Plus tard peut être, il est temps de rassurer mon autre amour qui s'inquiète devant ces larmes intarissable, devant cette peine incompréhensible....
J'en fais trop peut être, peut être, je ne sais pas, je sais juste que je me sens morcelé, que je me sens vidée... Ma grosse bête... Ma grosse boule de poil, mon bibounours, mon chien mon Snoopy...
Comment donnez une fin à cet article ? Je n'en sais rien, pas plus que je ne savais comment le commencer, alors arrêtons le là.